Maltraitances, âgisme et Covid-19

Le 15 juin 2021

 

La déclaration des gérontologues et gériatres francophones du 14 mai 2014 rappelle à bon droit que « l’avancé en âge ne saurait modifier les droits, les devoirs et la liberté de l’homme ». C’est en partenariat avec l’équipe d’ALLO maltraitance personnes âgées et majeurs handicapées 34 que l’Institut international de la francophonie diffuse des Capsules vidéos dans le cadre de la journée mondiale de sensibilisation à la maltraitance de l’ONU.

« Les personnes les plus âgées ne sont pas responsables ni du virus, ni des décisions politiques qui en découlent, ni de la crise annoncée ». 


C’est à l’occasion de la journée mondiale de sensibilisation à la maltraitance de l’ONU, le 15 juin 2021, que sont diffusées des capsules vidéo ayant pour thème : Maltraitances, âgisme et Covid-19. 
C’est autour de la mémoire du Professeur Robert Moulias, de sa pensée agissante des droits de l’Homme âgé et de son engagement indéfectible au profit de l’exercice de ceux-ci, que le programme ici proposé a été réalisé. Robert Moulias fut notamment Président du Conseil scientifique de la fédération 3977 contre les maltraitances et de la Commission âge droits, libertés de la société française de gérontologie et de gériatrie. 

L’âgisme renvoie aux stéréotypes[i], aux préjugés[ii], à la stigmatisation[iii] ou à des discriminations[iv], fondés sur des caractéristiques liées à âge. Il peut être cumulativement, législatif, culturel, social, médiatique, politique, sanitaire, économique, et s’exprime jusqu’au cœur de la recherche scientifique.

 La mal-traitance est multiple et renvoie à une typologie étendue selon Robert Moulias. Les pratiques inappropriées malveillantes peuvent être individuelles mais aussi liées à des facteurs organisationnels structurels et ou systémiques. Elle recouvre ainsi des violences qui peuvent être physiques, psychologiques, institutionnelles ou organisationnelles. Elles peuvent se traduire en comportements, en actes ou en abandons. Toute maltraitance s’exerce le plus souvent à Huis-clos et en vase clos,  par des personnes qui sont par état ou professionnellement sensées intervenir en faveur d’une personne qui se trouve dans une situation de vulnérabilité et/ou de dépendance. C’est ce lien de pouvoir et/ou d’affection entre « auteur » et « victime » qui différencie la maltraitance des autres violences selon Robert Moulias.  Or, l’état d’urgence sanitaire a induit une restriction de l’exercice des droits et des libertés des personnes avancées en âge. La tension entre les intérêts collectifs et les intérêts individuels, entre les droits du collectif et les droits individuels est ici à critiquer autant qu’à appréhender. En institution, l’idée de l’accueil, de l’admission, du contrat de séjour et du projet de vie fut remplacée par des injonctions paradoxales sous couvert de protection. Les restrictions édictées universellement ne furent pas toujours nécessaires ou proportionnées au but de santé publique poursuivi. L’âgisme a conduit à des maltraitances, la maltraitance tolérée au quotidien a fait le lit de l’âgisme. A vouloir protéger la vie à tout prix, parfois, contre eux-mêmes, il a été parfois oublié de protéger leur liberté de choix concernant les décisions engageant leurs propres existences.  Les exemples les plus topiques choisis lors de cette journée mondiale de sensibilisation la maltraitance sont ceux du tri et des refus de soigner, du droit de visite, du droit de sortie, des droits en fin de vie et du droit de vaccination.  
 

Covid-19, âgisme(s) et maltraitance(s) 

" Pour un exercice valorisé de chaque et de tous les droits de l’Homme âgé "

Paroles pratiques, paroles savantes 

Sophie Moulias : Le refus de soigner et le triage comme idéologies

Isabelle Rome : Solidarités inventives et maltraitances

Bernard Ennuyer : La tension entre le « bien vieillir », « âgisme » et liens intergénérationnels

Jean-Louis Bascoul : Maisons de retraite, accueil, placement ou le contrat de séjour

Jean-Claude Cadhilac : Consentir authentiquement à la vaccination et se vacciner contre l’idéologie du consentement

Eric Martinent : Maltraitances organisationnelles et institutionnalisation de la maltraitance (à suivre après le webinaire de la fédération Alma ce jour à 17h00)  

Guillaume Rousset : Mourir seul en EHPAD en période de crise sanitaire : une double maltraitance

 

Paroles associatives, paroles expérientielles

Pierre Czernichow : Une écoute impossible des victimes et des aidants

Marie-Françoise Fuchs : Perte d’autonomie et Droits de l’Homme âgé (teaser)

Elisabeth et Claude Lepresle : Il faut déconfiner les maltraitances

Dominique Lefèvre et Richard Boitel : Diversité sexuelle et vulnérabilités des personnes âgées


[i] Une idée toute faite et répétée sans examen critique qui compose l’inconscient collectif. 

[ii] Une opinion défavorable qu’on se fait de quelqu’un en fonctions de critères personnels ou d’apparences. 

[iii] Le fait de critiquer, blâmer ou ridiculiser quelqu’un en public

[iv] Les discriminations directes en période d’état d’urgence sanitaire résultent de différences de traitement qui sont défavorables à des personnes placées dans des situations analogues ou comparables. Les discriminations directes sont à distinguer des discriminations indirectes. Celles-ci résultent de conséquences préjudiciables disproportionnées d’une politique ou d’une mesure générale apparemment neutre mais ayant des effets discriminatoires spécifiques sur les personnes plus âgées. Les discriminations directes en période d’état d’urgence sanitaire sont à distinguer des discriminations par association. Celles-ci résultent de situations dans lesquelles un traitement défavorable est réalisé à l’encontre de proches sans tenir compte des besoins d’une personne âgée qui réside notamment dans un EHPAD.